Comment traiter des taches sur pierre naturelle ?

Les taches font face à une perception négative, même dans la mesure où le mot est utilisé pour indiquer tout ce qui n’est pas désiré. Cette perception s’applique même aux taches propres à la pierre naturelle, alors qu’il s’agit plutôt de taches de beauté, comparables aux grains de beauté chez les femmes qui, quant à elles, sont considérés comme symbole de sensualité. Il est grand temps que les taches sur une pierre naturelle soient considérées comme aspect esthétique, même si elles n’apparaissent qu’après la pose. Sur les fiches techniques de Febenat, vous trouverez plus d’informations sur cette caractéristique.

Segment de l’esthétique |

Une pierre naturelle sensible aux taches fait partie de l’aspect esthétique, dans le sens où chaque type de tache est considéré comme une caractéristique. Toutefois, les bonnes précautions permettent d’éviter certaines taches. Bien que chaque individu s’attribue d’autres limites en ce qui concerne l’esthétique, nous estimons qu’il faut avant tout se rendre compte de la caractéristique en soi. Achter une pierre avec des taches implique l’acceptation de taches.

Dans cet article, nous traiterons les taches du premier et du deuxième type, qui sont typiques de plusieurs types de pierre naturelle et dont le vendeur doit informer le client. Des taches « externes » ont toujours une origine spécifique et n’apparaissent que sur une pierre naturelle qui est sensible aux taches.

Il est essentiel de choisir la pierre qui correspond aux attentes, où le prix et l’aspect esthétique ne peut jouer qu’un deuxième rôle. Ces deux aspects ne rentrent en jeu qu’au moment où le client a fait le choix du type de pierre. Et même là, ni le prix ni l’aspect esthétique est prioritaire l’un à l’autre.

Tache du premier type |

Certaines taches se créent suite à l’oxydation de minéraux ferreux qui sont présents dans la pierre naturelle même, taches décrits comme taches du premier type. La pierre naturelle contient une certaine présence de minéraux ferreux. Jan Elsen, chercheur en géologie à la KU Leuven, ne connaît en effet aucune pierre naturelle sans matériaux ferreux. Cette présence est tout à fait logique vu que le noyau externe de la terre consiste en fer fondu. Le minéral qui mène à la tache du premier type est la sulfure de fer ou la pyrite, connu comme ‘fool’s gold’.

Dès que ces minéraux rendent en contact avec l’eau ou l’air, il y a question d’oxydation ou de corrosion. Ces taches de corrosion se présenteront de manière locale ou sur la surface entière. Toutefois, les gens qui utilisent cette pierre dans la cuisine ou la salle de bain adorent cette coloration, surtout la coloration brune en Carrara, vu qu’elle donne un aspect de marbre à la pierre.

Il existe plusieurs nettoyants, tels que Cif ou Vigor, évitant que la pierre naturelle soit exposée à l’eau alcaline, facilitant l’oxydation. Une enquête du CSTC a montré que la coloration se présente plus vite sous des conditions alcalines. De même,
l’oxydation est impactée par certains paramètres.

Les types de pierre naturelle qui sont sensibles à la tache du premier type sont Azul Bateig, Kashmir White, Jura, Dolomit et Bianco Carrara.

Taches du deuxième type |

Il est possible que les taches se créent suite à la réaction entre le matériau organique dans la pierre naturelle (généralement blanche) et les alcalis de ciment. Ce type de taches est traité comme taches du deuxième type.

Du point de vue de sa structure, ce matériau organique se compare à l’humus, qui est décanté ou déplacé lors de la sédimentation de la roche. Vu la solubilité de ce matériau, les pierres avec un matériau organique peuvent présenter des taches lors d’humidité.

La tache du deuxième type apparaît plutôt vite après la pose d’une pierre naturelle (après quelques jours ou quelques semaines). Vu sa solubilité, elle disparaît lors d’un entretien. Il s’agit d’un phénomène typique de pierres naturelles sédimentaires (blanches). La pose d’une pierre calcaire poreuse en mortier gris riche en alcaline en est un bon exemple. L’eau échappe du mortier en passant par la pierre et en solvant le matériau organique. Dès l’évaporation entière de l’eau, un restant de matériau organique se créera et se présentera sous forme de taches brunes sur la surface.

Les types de pierre naturelle qui sont sensibles à la tache du deuxième type sont Azul Bateig, Pietra Serena, Moleanos Beige, Moleanos Azul, Massangis, Fatima Clair et Beauvillon.

Type de pierre approprié |

On parle de taches externes ou accidentales vu qu’elles n’ont rien à voir avec la pierre même.

Il s’agit du type de taches qui peuvent être évitées en choisissant le bon type de pierre. En plus, il existe plus de pierres qu’il n’existe de taches. Un bon entretien permet même de poser des pierres sensibles à des endroits non appropriés, comme par exemple des pierres sensibles à l’humidité qui requièrent une imprégnation régulière. Vu que tout le monde n’a pas la même définition du mot « régulier », il vaut mieux choisir un type de pierre approprié pour être sûr.

Il s’agit logiquement du tout premier critère de choix, vu le grand nombre de produits qui peuvent causer des taches, comme par exemple tout produit acide, même autre que des nettoyants. Il s’agit également de produits utilisés en cuisine comme du citron, des oranges ou d’autres agrumes. De l’huile, des oignons, des tomates, du ketchup, du vin blanc ou rouge, du café ou du coca adorent eux aussi la surface poreuse d’une pierre naturelle.

L’acide cause une réaction chimique, alors que des huiles modifient les caractéristiques physiques d’une pierre naturelle, sans même expliquer le risque de produits contenant des colorants.

Procédures |

Conseil général pour chaque projet : choisissez la bonne pierre et un bon spécialiste. En plus, nous vous présentons quelques procédures permettant d’obtenir de meilleurs résultats.

• Évitez d’utiliser trop d’eau. Pour coller des carreaux sur un support non adhésif, il faut0,7 à 1 litre d’eau par m². Lors d’une pose avec lit de sable stabilisé, il s’agit de 5 à 7 litres par m² et sur une chape fraîche, il s’agit de 10 à 13 litres par m².

• Aussi bien le décorateur que l’entrepreneur doivent se réaliser que chaque type de pierre ne connaît pas les mêmes risques et que, parfois, il faut des mesures ou des précautions supplémentaires en fonction des choix du maître d’ouvrage. Consultez les fiches techniques pour plus d’informations.

• Du ciment blanc Portland contient la quantité en alcaline la plus basse, même s’il en contient toujours une certaine quantité.

Ajoutez un additif comme PVA (l’acétate de Polyvinyle) au ciment ou appliquez-le sur le dos de la pierre. Tenez compte d’un temps de séchage de 24 heures avant la pose. Versez du sable blanc sur la surface pour une meilleure adhésion.

Grâce à ces deux méthodes, le risque de taches se réduit fort, en sachant qu’elles limitent le transport d’eau au sein de la pierre. L’ajout de PVA au mortier impacte en effet le facteur d’eau/ciment, réduisant la quantité d’eau qui passe par la pierre. D’autre part, en appliquant du PVA sur le dos de la pierre, vous minimisez le transport de l’eau vers la pierre et transformez l’épaisseur de la pierre en un front d’évaporation.

• Partagez la responsabilité. Le carreleur n’est pas seul à pouvoir éviter des taches sur un carreau calcaire. Il y a également le maître d’ouvrage et le client qui impactent le résultat.

Contrôle esthétique |

Pour un bon partage des responsabilités, le maître d’ouvrage doit effectuer un contrôle esthétique des pierres lors de la pose et à la fois faire de sorte d’éviter des fuites d’eau sous le sol. En plus, les carreaux doivent être bien séparés du support à l’aide d’une barrière d’étanchéité et le maître d’ouvrage doit établir un planning permettant un temps de séchage aux carreaux et au support. 

Cette condition s’applique surtout à la chape plancher où les carreaux sont collés, sans oublier un chauffage par le sol évidemment. Évitez une protection mécanique d’un sol qui vient d’être posé. Le maître d’ouvrage doit éviter que le sol soit posé sur une chape plancher fraîche et doit conseiller une pose collée.

En dernier lieu, il doit contrôler l’épaisseur du lit de sable stabilisé et la couche de nivellement.

Protection maximale |

Lors de la pose, le carreleur doit effectuer un contrôle technique des carreaux. Il faut absolument éviter que les carreaux soient mouillés et le carreleur doit utiliser des matériaux surs tels que du sable blanc, du sable de rivière et du ciment blanc. Limitez l’eau qui est utilisée pour le traitement tout comme le facteur eau/ciment. Et/ou il faut que vous appliquiez un mélange de sable et de PVA.

Le carreleur doit éviter de mouiller les dalles après la pose ou de les couvrir avec un film ou une plaque qui ralentit le séchage. En outre, le client ne peut pas utiliser trop d’eau pour le nettoyage des carreaux. Il vaut mieux utiliser une serpillière humide sans l’ajout de savons pendant les six premiers mois après la pose.

Après, le client peut utiliser de l’eau avec un minimum de savon, en évitant des détergents intensifs. Malgré toutes ces précautions et sans qu’il n’y ait question de taches, le maître d’ouvrage doit être bien conscient que le choix d’une pierre naturelle peut toujours causer de légères modifications de couleurs.

Il s’agit là de l’une des principales plaintes, insuffisamment communiquée par les décorateurs, les revendeurs des matériaux, ni par les carreleurs.

Une pierre naturelle est un produit vivant. La pose correspond à l’acceptation. 

Nouvelles procédures |

Le CSTC a établi une Note d’information technique (NIT 146) décrivant l’élimination de taches, bien qu’elle date de 1991. Cette note traite sur des essais qui ont été effectués avec le but d’effacer certaines taches externes.

Nous vous présentons quelques nouvelles procédures relatives aux taches du premier et du deuxième type, bien qu’elles soient toujours en phase d’étude.

Pour effacer des taches du premier type : laissez agir de la pâte de kaolin avec du dithionite pendant une nuit et enlevez-le. Une autre solution est de traiter la surface avec du hexafluorilicique de magnésium et re-polissez par le biais d’une nouvelle cristallisation. Pour effacer des taches du deuxième type : laisser agir un gel d’enzyme pendant quelques heures, couvert d’un film en plastique. Ensuite, vous effacez le gel et nettoyez le carreau avec une bâche mouillé. Vu la solubilité de ce type de tache, vous pouvez également nettoyer avec excessivement d’eau.

Grande efficacité |

Une méthode très efficace est la constitution d’une pâte de javel pure et de craie en poudre (il faut que la craie ne contienne aucun sel de fer). Appliquez la pâte sur la tache, laissez sécher et effacez le poudre. Ensuite, balayez avec de l’eau propre et laissez sécher. Si nécessaire, répétez la procédure.

Cette méthode date de l’époque où la javel était de la vraie javel et que le plâtre ne contenait pas d’additifs. Rassurez-vous d’utiliser les bons produits. Et comme toujours : effectuez d’abord un test sur une petite superficie.

Bien que l’entretien représente la dernière étape du processus de la pose, il n’est pas considéré comme en faisant partie. Toutefois, l’entretien représente l’un des éléments clé pour définir la satisfaction du client. Vu qu’elle n’est pas souvent effectué par des spécialistes, une attention spécifique est primordiale.

Il existe une large gamme de produits d’entretien, avec des marques spécifiques pour des dalles en général et pour des pierres naturelles en spécifique. Le bon sens nous fait préférer un nettoyant d’une marque qui n’offre pas à la fois des nettoyants de fours et des nettoyants à usage général. Sans vouloir dire qu’une telle marque ne peut pas vendre de bons produits, nous préférons quand même acheter nos produits chez un spécialiste. Je n’attends pas non plus que mon pharmacien fasse des opérations.

Pas mal de gens attendent que l’entretien permette de cacher les inconvénients d’un mauvais choix d’une pierre. Une personne avertie en vaut deux !